Spiritualité

La Confraternité souhaite entretenir le caractère chrétien des pèlerinages de St Jacques de Compostelle en apportant un soutien spirituel aux pèlerins avant et après leur pèlerinage.


Accès rapide aux textes :

Groupe de spiritualité Saint Jacques

Citation de Charles Péguy

Sur les chemins de Compostelle – L’esprit d’une démarche

Le devoir et le privilège d’accueillir


« Groupe de spiritualité Saint Jacques »

Le groupe Saint-Jacques est un groupe issu du pèlerinage à St-Jacques de Compostelle qui s’est donné comme objectif de réfléchir sur une spiritualité du Chemin.
Bénéficiant de l’aide d’un prêtre, le groupe se réunit à 19h00, Maison Diocésaine, 9 bis boulevard Voltaire à Dijon, aux dates suivantes:

 mardi 5 novembre, thème « Les Bénédictions » et partage de l’Évangile du dimanche
10/11 (Mc12,34-38) 

mardi 3 décembre

A l’issue de la réunion, nous mettons en commun un repas tiré du sac.


Citation de Charles Péguy

Partir, marcher droit, arriver quelque part. Arriver ailleurs plutôt que de ne pas arriver. Arriver où on n’allait pas plutôt que de ne pas arriver. Avant tout arriver. Tout plutôt que de vaguer.

Citation de Charles Péguy en liminaire du livre de Claude Michelet : « Les défricheurs d’éternité ».


« Sur les chemins de Compostelle
L’esprit d’une démarche »

C’est une démarche de pèlerin, les pèlerins que nous sommes tous sur cette terre, les pèlerins que nous avons choisi d’être en prenant la route de Compostelle, les pèlerins que nous voulons rencontrer sur nos chemins :

  • Le pèlerin n’est pas installé, il est en route, en marche, en attente. Il n’assène pas des certitudes, il écoute, il parle, il dialogue, il rencontre.
  • Le pèlerin est un chercheur, à la recherche de soi, des autres, de l’Autre. Il ne sait pas toujours bien ce qu’il cherche, il trouvera peut être autre chose que ce qu’il croyait chercher : c’est l’homme d’aujourd’hui, construisant son avenir, marchant vers demain.
  • Le pèlerin est plusieurs, il n’est pas seul, ni au départ (il porte d’autres dans son cœur), ni en route, ni à l’étape, ni à l’arrivée. Et le croyant sait qu’il est un peuple, qu’il est d’Eglise, qu’il est aussi l’Eglise. Et c’est cela que la Confraternité veut signifier.
  • Le pèlerin est un Jacquet, il sait qu’il marche vers un haut lieu où l’ont précédé des millions de marcheurs, des millions de chercheurs de Dieu, souvent désireux de donner une dimension apostolique à leur foi, de la fonder sur la tradition de l’apôtre Jacques.
  • Le pèlerin a les pieds sur la terre et les yeux tournés vers les étoiles : les pieds dans ses chaussures, bien posées sur l’humus des réalités quotidiennes, ne fuyant pas la vie, sachant que l’effort, la fatigue, le soleil ou la pluie, le bonheur et le malheur sont notre lot à tous. Mais il regarde vers les étoiles, la voie lactée, le « champ d’étoiles », pour trouver la sienne, celle qui éclairera sa vie.

Et l’image, qui peut nous parler au cœur, c’est celle des mages, partis ensemble guidés par une étoile, cherchant et découvrant au bout de la terre Celui qui éclairera leur vie.

Père Bernard Gourier


« Le devoir et le privilège d’accueillir »

Quel est le pèlerin qui ayant parcouru le chemin venant du Puy pour Compostelle n’ait entendu parler du Père Ihidoy et de son accueil chaleureux au presbytère de Navarrenx. ? Le texte qu’il a écrit et que nous publions à notre tour est un des textes fondateurs de notre Confraternité. Un de ceux qui nous touchent le plus et que nous aimons à relire et redire. Nous nous sentons à l’unisson avec les mots simples et émouvants avec lesquels il parle de tous ces pèlerins qui passent chez lui, sans qu’il veuille démêler le « vrai » pèlerin du « faux » pèlerin. Pour tous il pratique :

On m’a proposé d’écrire un petit mot sur l’accueil. Je le fais volontiers en pensant à tous les visages que j’ai rencontrés et qui m’ont apporté plus que je n’ai pu leur donner

En arrivant à Navarrenx en 1981, je ne savais pas que la Providence m’avait placé sur le Chemin de St Jacques de Compostelle. Les pèlerins se sont d’abord présentés au compte-gouttes. Je les ai reçus, simplement, comme je le fais pour les paroissiens. L’accueil n’est-il pas devoir sacré pour tout un chacun ? Et quand on a de la place comment refuser d’ouvrir sa porte à des gens qui ont fait 30 kilomètres à pied, sac au dos, par tous les temps ?

J’ai perçu d’emblée la richesse qu’ils portaient en eux, la quête humaine, parfois spirituelle qu’ils exprimaient. Le nombre a augmenté d’année en année pour atteindre les chiffres que l’on sait. Nous sommes devant un véritable phénomène de société : des hommes et des femmes, des jeunes, des anciens, de tous pays : Hollandais, Suisses, Belges, Allemand, Autrichiens, quelques Américains, des Français bien sûr, faisant route, dans la même direction, à l’instar des siècles lointains, en quête d’une Étoile donnant un ses à leur vie.

Il me serait agréable ici de brosser quelques portraits types de pèlerins. Mais cela m’amènerait trop loin. Je me contente de les mentionner.

• Il y a l’ancien qui a accompli tout un parcours familial et professionnel et qui veut rendre grâce pour tous les bienfaits reçus. Parfois il a une grâce à demander pour un de ses enfants ou petits-enfants.

• Il y a le jeune adulte engagé « jusqu’au cou » dans la vie professionnelle, souvent cadre, débordé de travail et de voyages d’affaires, bousculé dans sa vie familial, et qui part avec cette question : N’y a-t-il pas moyen de trouver une vie plus humaine ?

• Il y a le jeune qui vient d’achever ses études et qui prend de la distance avant d’aborder la vie active.

• Il y a l’artiste, soit de musique, soit de peinture, soit de sculpture, qui va à la recherche de lui-même comme d’une inspiration dans les profondeurs et au-delà de soi.

• Il y a le médecin, le pharmacien, le professeur, l’architecte, qui veulent regarder les besoins de l’homme d’aujourd’hui au-delà de la pratique quotidienne.

• Il en est bien d’autres au milieu, ouvriers, fonctionnaires, qui veulent repenser leur vie.

• Il y a enfin le chômeur et celui qui a du mal à se situer dans la société actuelle, sans compter les jeunes couples qui testent, sur le Chemin, la solidité de leur amour. Bref, ce sont toutes les facettes de notre société qui se reflètent sur le Chemin comme dans un miroir grossissant.

Alors je vous le demande : comment ne pas accueillir ? Comment ne pas être à l’écoute ? Comment ne pas partager leurs questions et leur quête ? Comment ne pas être leur partenaire et leur complice ? Le peu de temps qu’on leur donne est sublime. Derrière chaque visage, il y a quelque chose d’unique à recevoir. Je disais qu’accueillir est un devoir. C’est bien plus, une chance, un privilège.

Ici, je ne vais pas éluder la question : Ne faut-il pas distinguer les vrais pèlerins et les faux pèlerins ?

À cette question, je réponds d’abord, par une autre : Qui peut juger ? C’est vrai que les motivations des uns et des autres sont extrêmement variées.

– On trouve des pèlerins guidés par l’Étoile de la foi et qui vont, comme François d’Assise, chantant le vent, la pluie et le soleil. Ils ont la liberté intérieure. Leur souffle balaie nos pesanteurs.

– On trouve, également, de nombreux pèlerins en quête d’une vie plus humaine. C’est peut-être la motivation la plus commune. J’admire l’authenticité de leur recherche. Et dire que Dieu, en Jésus-Christ, a pris le chemin de l’homme pour nous rejoindre !!

– Il en est d’autres qui sont guidés par des préoccupations culturelles, touristiques, sportives, mais sont très sensibles à la dimension spirituelle du Chemin.

– C’est vrai aussi, que l’on trouve sur le Chemin des gens qui sont plus des randonneurs que pèlerins. Et ils le disent. Mais combien après avoir commencer le trajet en marcheurs le terminent en pèlerins ! J’en ai de nombreux témoignages. Quoi qu’il en soit, tout le monde a droit au Chemin.

– Il en est dont on se demande s’ils sont vagabonds ou pèlerins. Ils sont rares. Mais, même s’ils le sont (vagabonds) pourquoi poser sur eux un regard condamnateur et excluant ? Personnellement je leur fais confiance et je les encourage à faire le Chemin sérieusement avec toutes les exigences qui s’y rattachent. On y rencontre des générosités admirables.

– Il y a enfin, des athées déclarés. Vous allez me dire : que font-ils sur le Chemin de St Jacques ? Je crois pouvoir répondre en résumé : Ils cherchent une vie plus authentique. Je sais que « Dieu est à l’horizon des recherches de vie authentique ». Je les accueille avec infiniment de respect et d’amitié.

À l’appui de tout ce que je viens de dire quant au jugement sur les vrais et les faux pèlerins, je veux apporter cet exemple vécu : Un soir un jeune couple belge, avec un chien noir fait halte chez moi. Tous les deux sont chômeurs. Après avoir sympathisé avec eux et avant d’écrire un petit mot sur leur « Crédential » et de le tamponner, je leur demande : Qu’est-ce que vous cherchez sur le Chemin ? C’est elle qui me répondit et je n’oublierai jamais l’expression de son visage en prononçant textuellement ces mots :

« Nous cherchons :
– un peu de force, nous sommes fragiles,
– un peu de stabilité, nous n’avons pas de travail,
– un peu d’équilibre, nous avons du mal à gérer notre vie ».

Il y avait un autre couple plus ancien, un pasteur protestant et sa femme, médecin. Nos regards se sont croisés, non sans émotion, et celui du pasteur me disait : « Voilà des vrais pèlerins ».

Je voudrais tellement qu’on cesse de juger les bons et les mauvais pèlerins. Ce n’est pas de la naïveté ! C’est du réalisme. Permettons à chacun, en faisant le Chemin, de faire son chemin.

Les associations qui parrainent ont un grand rôle à jouer pour informer et situer chacun dans sa démarche ainsi que pour canaliser le mouvement. Leur action, à mon sens, doit se porter sur une responsabilisation des futurs pèlerins, les aider à s’accomplir dans la démarche qu’ils entreprennent, et leur expliquer que si le Chemin va beaucoup leur donner, eux aussi, sur le Chemin ont des devoirs.

Mais nous sommes dans une société éclatée. Il faudra, par les temps qui courent, accueillir largement ceux qui échappent à nos structures habituelles et à nos schémas de pensée.

J’émets un dernier souhait :

Le passage des pèlerins est une richesse, sur le plan humain, culturel et spirituel. Tout le monde devrait en profiter. Je souhaite qu’au-delà de ceux qui sont préposés à l’accueil, il y ait un échange entre la population locale et ceux qui passent. J’y vois l’ébauche d’une société plus humaine et plus fraternelle à l’aube du 3e millénaire.

Permettez que je termine par une évocation biblique:

« Abraham est assis à l’entrée de sa tente, sous le chêne de Mambré, au plus chaud du jour. Trois visiteurs s’approchent. Abraham les accueille à la mode orientale, c’est-à-dire royalement. À travers ces étrangers, il a l’intuition d’accueillir Dieu. Il ne se trompe pas. La fécondité lui est promise, lui est donnée, celle « d’un peuple aussi nombreux que les étoiles du ciel ».

Aujourd’hui, des pèlerins sur le chemin de Compostelle passent parmi nous. Ne manquons pas le rendez-vous. Leur rencontre est source de fécondité pour tous.

Père IHIDOY